Loi Duplomb : sortir du blocage, engager un vrai débat

20/07/2025


La pétition contre la loi Duplomb approche le million de signatures. Ce chiffre impressionnant devrait être l'occasion d'ouvrir un débat de fond sur les véritables enjeux de ce texte, qui, il faut bien le dire, a pris une tournure de plus en plus caricaturale.

D'un côté, ses défenseurs en font une victoire historique pour l'agriculture française. De l'autre, ses opposants dénoncent un désastre écologique, comme si aucun compromis n'était envisageable. Toute mesure serait, selon eux, un pas de plus vers la catastrophe environnementale.


La loi Duplomb a été élaborée comme les lois d'écologie punitive : une réponse précipitée, sans concertation suffisante, ni vision stratégique. Elle apparaît plus comme une loi de réaction que de construction.

On parle beaucoup d'acétamipride, mais bien peu des mégabassines ou des extensions d'élevages intensifs qu'elle permet.

Le vrai sujet : les alternatives

Le débat se cristallise autour de l'acétamipride, mais on parle bien peu des mégabassines ou des extensions d'élevages intensifs que le texte rend possibles.

Sur les néonicotinoïdes — et en particulier l'acétamipride — la vraie question est simple : existe-t-il aujourd'hui une alternative réellement efficace pour certaines cultures comme la betterave ou la noisette ?

À ce jour, la réponse semble être non.

Alors que propose-t-on ? Que les agriculteurs sacrifient leurs rendements ? Ferment leurs exploitations ? Pendant ce temps, nous continuerons à consommer du sucre — simplement importé, produit avec les mêmes substances ou des pesticides encore plus toxiques.

Une interdiction française isolée, en l'absence de solution de remplacement, serait non seulement inefficace, mais injuste : c'est cela, une écologie punitive.

Pour autant, un retour en arrière sans encadrement, sans stratégie, ne serait guère plus responsable.

Ce que la loi devrait contenir

Ce que la loi Duplomb devrait intégrer impérativement :

  • Toute réintroduction de l'acétamipride doit s'accompagner d'un plan national de recherche sur les alternatives, avec un calendrier clair et des objectifs mesurables.
  • Cette autorisation ne peut excéder trois ans, sauf justification scientifique exceptionnelle.
  • Dès qu'une solution viable est validée, la dérogation doit automatiquement prendre fin.

Plus largement, si nous voulons sortir durablement de la dépendance aux pesticides, le débat doit aussi porter sur :

  • Le coût réel de la production agricole et son acceptabilité sociale,
  • L'interdiction d'importer des produits ne respectant pas nos normes,
  • Et les conséquences économiques et commerciales d'une telle politique.

Et pourquoi ne parle-t-on que de l'acétamipride ?

Deux autres volets de cette loi posent de sérieux problèmes.

1. Les mégabassines

Je ne suis pas opposé par principe aux mégabassines : l'agriculture a besoin d'eau.

Mais inscrire dans la loi le recours systématique à la notion de « Raison impérative d'intérêt public majeur » (RIIPM) pour les autoriser ouvre la voie à des dérogations dans des zones protégées — un signal dangereux.

Par ailleurs, l'accès à ces réserves reste inégal. Leur gestion doit être rigoureuse, équitable, et écologiquement soutenable.

2. Le modèle d'élevage soutenu

Ce texte soutient de facto le développement de l'élevage industriel, au détriment des fermes à taille humaine.

Or c'est l'inverse qu'il faut encourager : un élevage local, plus respectueux des animaux, de l'environnement, et des producteurs.

Miser sur la qualité, c'est aussi répondre aux attentes croissantes des citoyens-consommateurs.

En conclusion

La loi Duplomb, en l'état, ne répond ni aux enjeux agricoles, ni aux défis écologiques.

Il est temps de sortir de la caricature : ni l'angélisme vert, ni l'agro-productivisme brutal n'apporteront de solutions durables.

Ce qu'il faut, c'est un compromis ambitieux entre production et transition.

La droite devrait accepter de travailler avec des écologistes pragmatiques, qui connaissent le terrain et cherchent des solutions concrètes.

C'est ainsi que nous construirons une agriculture à la fois compétitive, durable et souveraine.


Jérémy BIZET

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